Rendez-vous est pris en septembre 2020 avec le constructeur de la toue, pour discuter de la faisabilité de tout ce que j’ai dans ma tête !
Christian et Jérémy, les associés de l’entreprise Robert Frères viennent à Orléans pour voir les quais de Loire et répondre à toutes mes questions. Et j’en ai, croyez-moi !
Vous le comprendrez très vite en me rencontrant, je ne suis pas tout seul dans ma tête. Ils sont plusieurs à réfléchir en même temps et cela ne facilite pas mon expression orale ! Tout se bouscule et j’aimerais en dire davantage que je ne le peux ! Donc expliquer à ces deux professionnels mes attentes n’est pas une chose facile. Heureusement, Corinne m’accompagne et sait à merveille transcrire tout ce qui me passe par la tête !
Nous nous retrouvons donc sur les quais de Loire. Christian comprend de suite mon souhait d’avoir une porte latérale pour que les personnes en fauteuil puissent monter sur la toue (elle n’est pas encore baptisée !). D’autres bateaux ont prévu l’embarquement par le devant du pont et cela pose des problèmes pour stabiliser le bateau pendant la montée des passagers. Le bateau se retrouve perpendiculaire au courant et cela peut être dangereux en cas de forts remous. Christian réfléchit (et cela se voit quand il réfléchit : son regard se perd dans ses pensées, puis ses yeux s’illuminent quand il a trouvé la solution !). Il est ok et décrit comment la porte s’ouvrira avec toutes les sécurités pour éviter les entrées d’eau et faciliter l’embarquement.
Bon, la porte latérale, c’est ok, mais une fois la personne en fauteuil sur le pont avant, comment passe-t-elle sur la sole du bateau (le fond, pas le poisson !) ? Dhollandia est spécialiste du hayon sur les camions. Je les interroge. J’ai bien un beau hayon sur mon taxi. Ils doivent sûrement pouvoir faire quelque chose pour moi ! Le commercial est très curieux de voir comment il va pouvoir adapter le hayon sur le bateau. Pour vous dire à quel point il est curieux, il a pris rendez-vous avec Jérémy, pour installer la cassette, qui se pose sur le fond, puis qui s’ouvre pour prendre en charge le fauteuil et descend sur la sole. C’est tout simple et tellement évident quand on connait le produit !
Il ne faut pas oublier de prévoir une rampe, qui va s’appuyer sur le bateau. Cette rampe d’accès doit être spécialement adaptée à tout type de handicap. Je décris à Christian la norme appliquée aux rampes d’accès pour les personnes en situation de handicap.
Ensuite, nous parlons du moteur, car il doit être assez puissant pour remonter le courant et surtout passer les goulets sous le pont Thinat. En effet, le passage sous ce pont est étroit, donc le courant est décuplé. Le moteur doit pousser fort à cet endroit pour un passage rapide en toute sécurité. La question me taraude pendant de nombreuses semaines. Je prends conseils auprès de nombreux professionnels, mariniers, amis… et je suis toujours aussi indécis. Bien plus tard, nous partons en week-end à Hourtin et passons par Saujon, chez Jet Sun Ouest. Jordan, le patron est super compétent. Il sait de quoi il parle et comprend parfaitement ma demande. Nous repartons ce jour-là avec un bon de commande pour un moteur Yamaha 100 chevaux ! ça va pousser, je vous le dis !!!
Nous réfléchissons à la forme du bateau, car après plusieurs visites sur différents chantiers, je me suis arrêté sur leur construction. Le bateau aura des belles courbes comme les flancs d’un poisson (ou d’une femme si je peux me permettre). Les soudures sont propres, nettes. Même si on ne les verra pas, moi, je sais qu’elles sont belles ! C’est important, non ? !
Nous discutons des matériaux à utiliser : coque aluminium, car cela génèrera moins d’entretien et plus solide qu’une coque en bois. La cabane sera en châtaigner, car cette essence protège des insectes. Les planches seront posées verticalement, car un arbre même mort continue à vivre et doit se tenir debout sur le bateau ! Tous ces petits détails sont à mes yeux essentiels. Je veux que la toue soit belle dans ses moindres détails.
Le repas se termine et nous signons le devis avec un acompte pour l’achat de l’aluminium, dont le prix va prochainement augmenter. Christian en est certain ! (l’avenir lui donnera raison).
Les mois passent et la Covid est arrivée. Le projet s’arrête complètement. Cela ne m’empêche pas de continuer à réfléchir aux installations intérieures. Premier sujet et vrai sujet, la salle d’eau ! Gros morceau, car là, les imposés à prendre en compte sont légions : transfert vers la cuvette des toilettes, douche de plein pied, espace pour que le fauteuil tourne sur lui-même… Bref un casse-tête en perspective. Corinne recherche comment aménager l’espace. Aucune norme n’est trouvée concernant les bateaux ! Nous décidons d’appliquer les normes d’habitation pour la partie habitable.
Philippe, un de mes amis est Créateur d’espaces. Son entreprise s’appelle Belliss’Immo. Nous lui exposons notre projet et souhaitons disposer d’un plan intérieur et de planches d’intérieur, comme il l’avait fait pour notre appartement. Philippe et sa collaboratrice posent de nombreuses questions et promettent une réponse prochainement.
Quelle ne fut pas notre surprise quand nous avons reçu cela : Une vidéo en 3D de l’intérieur du bateau. Corinne pleure d’émotions (elle pleure souvent de joie !). Des plans détaillés, les aménagements handicap intérieurs et extérieurs, des planches d’ambiance avec mes couleurs préférées… un vrai cadeau que de recevoir tout cela ! La toue prend vie, forme, naissance.
Pour la partie sanitaire, Philippe propose une salle de bain préfabriquée, qui associe avec élégance l’accessibilité et le respect des normes PMR (Personnes à Mobilité Réduite). Alors là, je tombe des nues. C’est quoi ? En fait, vous en avez tout déjà vu au moins une, dans un hôtel ou dans des sanitaires publics. Des parois en polyester renferment trois espaces : douche, lavabo, WC. Une porte coulissante pour isoler cet espace détente très cocoon. Comme les espaces pour personnes à mobilité réduite demande d’être agrandis pour toutes les circulations des fauteuils, les valides bénéficient de plus d’avantage aussi, grâce aux personnes handicapées. Comme je suis surpris et satisfait de proposer une telle salle d’eau sur le bateau ! Nulle part ailleurs, nos clients ne pourront bénéficier d’un tel confort.
Et pour Jérémy, le constructeur de bateau des chantiers navals, qui cherche aussi de son côté une solution pour la salle d’eau, quelle n’est pas la surprise non plus, quand il découvre sur internet ces salles de bains préfabriquées. Il nous a avoué depuis qu’il n’en avait jamais posé avant notre bateau et que depuis, il en propose régulièrement à ses clients. Un vrai succès !
Me voilà donc avec deux professionnels, qui plébiscitent le même fabriquant à quelques jours d’intervalle, sans se connaitre et sans se concerter ! Top !
Bon avec cette histoire de sanitaires, le bateau a pris 2 mètres de plus. Ben, oui, une salle d’eau dans un bateau classique mesure 1.5 m² au mieux. Là, nous sommes à presque 4 m². On pousse les murs, s’il vous plait !
Comme Corinne est frileuse, elle souhaite un chauffage d’appoint dans la salle d’eau. Encore un casse-tête, car cet appareil doit être compatible avec la puissance électrique de la toue et en même temps, ne pas prendre beaucoup de place. Là, je vais chercher la solution chez les camping-caristes ou les chauffeurs routiers. Ils disposent d’un chauffage autonome, appelé webasto, qui souffle de l’eau chaud dans l’habitacle. Bon, d’accord, je n’ai pas cherché beaucoup, j’ai le même dans mon taxi !!! qui nous sert beaucoup quand nous partons camper…
Ce chauffage autonome sera placé sur le pont arrière et diffusera une douce sensation de chaleur dans la salle d’eau et dans l’espace de vie. En plus du poêle ! Bon, oui, un chauffage et un poêle, ça fait beaucoup ! Et non, parce qu’en hiver, le poêle chauffe la grande partie ouverte sur le pont avant et pas la salle d’eau puisque la porte est fermée, quand on prend notre douche !!!
Je choisis donc un poêle à bois dédié aux petits bateaux, et petites surfaces de A l’abordage, à La Rochelle, spécialiste de l’accastillage traditionnel pour les vieux gréments ! Une merveille ! Il sera réhaussé pour poser dessus une bouilloire émaillée ou la casserole avec le pot-au-feu qui mijote et dessous des buchettes.
Si je veux garder la chaleur à l’intérieur du bateau, il faut isoler. Liège sur le fond du bateau et laine de bois sur les parois extérieures. Une isolation des plus naturelles !
Et pour l’électricité alors, on fait comment ? Des panneaux solaires sont la solution la plus simple et la plus efficace. Le bateau sera autonome et par la suite une hydro génératrice pourra être installée pour fabriquer de l’électricité. Petite contrainte : tous les appareils intérieurs doivent fonctionner sur du 12 volts !
Pour l’eau, là, c’est une vraie usine à gaz. L’eau est pompée dans la Loir, nettoyée, utilisée pour la salle d’eau par exemple, filtrée et restituée à la Loire. Un système ingénieux, complexe et je ne m’étends pas sur le sujet, parce que je n’ai pas toutes les informations à vous donner ! Ce que je sais, c’est que nous aurons de l’eau à profusion sur le bateau. Enfin, pas dedans, faut pas couler ! Voilà un bon nombre de questions résolues ! Et en même temps, il en reste encore tellement… Corinne porte son attention sur l’aménagement intérieur : le lit, la cuisine, le linge de maison, la décoration, la vaisselle… Pour ces accessoires, vous aurez la surprise en venant nous rendre visite ! et de belles surprises, fabriquées par une potière locale ou encore du linge de maison tout doux ou un lit caché dans un meuble… Bref, pleins de belles découvertes en perspective ! A très vite sur la Loire !
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