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Une belle rencontre

Cette histoire commence par un coup de téléphone.

Je recherche une couturière… pour le Cyré, mon fûtreau, dont je vous ai parlé précédemment.

Je reçois dans ma boite aux lettres une publicité de « Mes voisins », un réseau social de voisinage d’une couturière qui vient d’ouvrir son atelier à Saint Jean de Braye : Ma Pause Couture.

Oh là ! Voilà ma curiosité piquée…

Je l’appelle et lui explique mon projet.

Sa voix est douce et rigolote. Elle m’annonce d’emblée qu’elle ne sait pas faire, et en même temps, qu’elle veut bien essayer, car les projets un peu fous la stimulent. Elle me plait bien cette fille, même si je ne la connais pas encore.

Les jours passent et je ne suis toujours pas allée à l’atelier de couture. Le travail m’occupe beaucoup.

Je reçois un SMS de Corinne me disant qu’elle part en vacances en juillet et de ne pas venir à l’atelier pour me casser le nez à la devanture !

Puis Août arrive et je prends enfin le temps d’aller à l’atelier. Je laisse Corinne, la couturière, vous livrer son témoignage !

Nous sommes en juin 2019, j’ai 51 ans et j’ai pris une année sabbatique pour ouvrir un atelier de couture, dans lequel chacun pourra venir apprendre à coudre, retoucher des vêtements et déposer des demandes de confection de tous genres.

Régis, un Marinier de Loire, possède un bateau en bois (très important, car on touche du doigt à l’authentique !!!), qui navigue pour le moment avec un moteur et une bourde (non, non, pas la bêtise ! c’est une perche ferrée servant à manoeuvrer le bateau en prenant appui sur le fond – c’est bon là, je peux reprendre mon récit ??).

Il veut une voile pour son bateau, dans le but de revenir à un maniement du bateau comme autrefois. Pour cela, il a besoin d’une voile.

Ok, et en même temps, je n’ai jamais cousu de voile. Quel tissu ? Quel fil ? Quels points de piqûre ?… une multitude de questions se bouscule dans ma tête et aussi, une envie folle de réaliser cette création, car le challenge me pique les entrailles. Je suis curieuse de toujours essayer de réaliser des confections que je n’ai pas encore réalisées. Alors, je pose pleins de questions et les réponses me portent vers un milieu que je ne connais pas avec un vocabulaire que je ne comprends pas !!!

Régis parle de ralinguer sa voile, d’une paumelle de voilier pour « coudre », d’étai, de point d’amure, de vergue… bref, je suis larguée (hi ! hi ! le jeu de mot, même pas fait exprès !!!). Je reformule pour bien comprendre.

Bon ok, je tente l’aventure ! Régis doit passer à l’atelier pour que je puisse voir ce qu’il veut.

Les vacances passent et voilà Régis qui débarque à l’atelier (bon, faut que j’arrête avec mon vocabulaire porté marine !!!).

Des énormes ballots de toile de couleur crème en coton et lin pour fabriquer la voile. Le tissu est solide et en même temps pas trop épais. Régis présente un plan avec des mesures et des détails comme des renforts aux angles. J’étudie le plan et me revoilà en mode questionnement… Oui, j’insiste, je veux comprendre ce qu’attend Régis de mes services, et tout cela dans le détail pour être certaine que je peux répondre à son besoin.

Je dessine chaque couture de manière à représenter les épaisseurs des tissus et les piqûres. J’ajoute les dimensions entre chaque piqûre. Il est un peu étonné de cette précision et en même temps, je ne connais pas les points de couture de la marine, donc je dois bien apprendre !!!

Je suis pieds nus, car il fait très chaud et cela l’amuse.

Je crois que je lui plais bien !!

Régis m’invite à venir sur son bateau. J’en profiterai pour regarder comment les voiles sont cousues.

Quelques jours plus tard, je retrouve Régis sur les bords de Loire et son ami a démonté sa voile. Je la prends en photo sous toutes les coutures (!!!). J’ai ainsi des points de repère. Je visualise bien comment est plié le tissu, à quelle distance sont cousues les coutures en bordure… tous ces petits détails dont j’aurai forcément besoin.

Nous passons des heures à discuter, à refaire le monde, à nous raconter nos vies… Il m’explique que s’il refait sa vie, ce sera chacun chez soi et il verra sa Dulcinée quand ils en auront envie tous les deux, mais la vie quotidienne à deux, c’est fini pour lui… OK. Bizarre, mais OK.

J’ai conservé un morceau de tissu pour faire des tests, car je ne suis pas certaine que mes machines puissent coudre ces épaisseurs de toile. Il ne me reste plus qu’à tester les différentes coutures avec la chute de tissu…

Régis étudie les carrés tests, tire sur les coutures, teste la solidité… et sourit. Cela doit vouloir dire qu’il est satisfait. En effet, il valide mon travail et je dois produire la voile le plus rapidement possible, car les Fêtes de Loire vont bientôt commencer et Régis voudrait présenter sa nouvelle voile. Du travail l’attend pour ralinguer sa voile…

Je vous résume cette confection. J’y ai passé plus de 22 heures ! J’ai piqué plus de 140 mètres et ma machine a résisté. Trois bobines de fils de 200 mètres et deux aiguilles cuir ont nécessaires à cette confection très spéciale. J’en ai rêvé (cauchemardé ??) pendant quinze jours. Je me suis remise en question, j’ai cassé les pieds à beaucoup de monde pour trouver des renseignements, des solutions à mes coutures… Et en même temps, j’ai réussi. Je suis arrivée au terme de ce travail et j’en suis fière. Pas de la fierté mal placée, juste le plaisir d’avoir relevé ce défi et d’être parvenue à livrer ce que Régis voulait.

Il me reste à informer Régis que la voile sera terminée le lendemain. Il est ravi.

La nuit se passe et j’arrive à l’atelier et qui vois-je ouvrir la porte ??? Régis, qui ne devait passer que le soir pour récupérer sa voile ; non, trop pressé de la voir !!! de voir qui ou de voir quoi ? Il repassera quand même le soir pour prendre livraison. La réalisation lui convient et il est très content de pouvoir commencer sa part du travail, car la voile n’est pas finie… Non, non ! ! Il doit encore poser des oeillets et ralinguer (c’est-à-dire coudre un cordage tout autour de la voile). Lui aussi se promet de belles heures de travail !!!

Pour ne pas le laisser galérer seul avec la voile, le ralingage, les oeillets…, je lui propose mon aide et nous passons un dimanche complet à finaliser les derniers détails.

Et vogue le bateau sur notre belle Loire !!! J’ai trop hâte que la voile se gonfle et porte le Cyré vers de beaux horizons…

Le Festival de Loire commence et Régis m’invite forcément ! J’ai un joli badge « Couturière », qui me permet de passer partout ! C’est top !

Inévitablement, nous nous sommes rapprochés. Je vois bien qu’il me tourne autour et en même temps, je sors d’une histoire pas facile, alors je n’ai pas envie de me lancer dans une aventure sans lendemain, ni de blesser mon petit coeur ! Alors je lui explique clairement, que j’ai bien compris qu’il attendait plus de moi que la confection de sa voile mais que moi, je n’ai pas envie de quoi que ce soit d’autre. Je suis un peu gênée car j’ai peur qu’il pense que maintenant qu’il a payé mon travail, je le jette. Sa réponse a été extraordinaire. Il m’a dit : « On continue à se voir et si une histoire nait entre nous, je serai heureux, sinon, on restera amis. » Et là, je dois dire qu’il m’a bluffée. Je ne ressentais plus de pression et les choses sont devenues plus simples à vivre !

Les festivités se déroulent dans la joie et la bonne humeur. Je vis le Festival comme jamais auparavant. Le soir du feu d’artifice, Régis insiste pour que je participe avec ses enfants. Je lui dis de profiter d’eux avant tout. Je reste à la maison et Régis veut absolument passer me voir après sa soirée. Nous discutons tranquillement et il repart.

Quelques jours plus tard, le 29 septembre exactement, il passe la nuit à l’appartement. Je ne vous fais pas de dessin sur le contenu de la soirée et de la nuit ! Et lui qui voulait vivre une histoire d’amour chacun chez soi, n’est jamais reparti de chez moi !!!! Nous vivons ensemble depuis ce fameux soir !

Les projets se sont enchaînés et nous voilà maintenant à faire construire un bateau fantastique !

DEMO