Henri, un homme de plus de 80 ans, venu avec son épouse Gisèle en fauteuil roulant, affirme que ses pâtes de fruit sont meilleures que celles des Tabliers Enchantés (https://lestabliersenchantes.fr/) !
Oh !
Régis répond alors : « Prouvez-le ! ».
Quelques jours plus tard, nous recevons par La Poste une grosse boite de pâtes de fruit au coing. Elles sont effectivement délicieuses, et ce n’est pas tout, car Henri nous livre l’histoire de ce cognassier, une histoire incroyable, que nous vous partageons.
Jules, son fils (1886-1926), décide de son propre chef vers 1910 de réduire la ramure, parce que « ça lui fait de l’ombre dans son jardin». Surprise Marie, son épouse, qui n’a pas été consultée, s’écrie : «C’est un cognassier, qu’un con a scié ! ».
Cette expression est restée dans la mémoire familiale et malheureusement, va se répéter.
Le cognassier n’existe plus qu’au travers d’un tronc morne et triste. Reprendra-t-il au prochain printemps ? Est-il définitivement mort ? Quelle vue pénible que cet arbre ramené à un bout de tronc !
Notre arbre reprend vie doucement malgré cette taille à la Attila. Il peine en ces hivers rigoureux et reverdit finalement après quelques printemps.
Vers 1951, Paulin Fleury, fils de Louis et Marie, et son épouse Réjane vendent la maison à Ernest et Yvonne Fernandez, deux espagnols qui ont fui le Franquisme. Chaque saison, ils venaient « faire la moisson » et passer des moments de « campagne ». La contrée leur a plu pour établir leur vie de famille.
Le cognassier présentait alors au soleil de belles feuilles, ses branches flottaient au vent, son tronc raccourci portait plusieurs ramifications. Plus de tronc unique ! Les fruits gorgés de parfums, duveteux, doux, étaient partagés entre voisins. Les gelées et pâtes de coings étaient faites par les deux familles françaises et espagnoles.
Une clôture, sous forme de mur, est montée entre la maison et « L’Ouche », tout proche du cognassier, maintenant revigoré.
L’âge avançant, Ernest et Yvonne, vers 1990 déménagent dans un appartement tout en restant sur leur commune adoptive. La maison est vendue à la famille S.
Ces nouveaux occupants avaient des idées bien arrêté sur le jardin : « Cet arbre nous gêne. On va le faire disparaitre ». Oh là ! La vie du cognassier est encore une fois menacée. La famille se remémore les propos de Marie vers 1910 ! « Ce cognassier, qu’un con a scié ! »
Donc, le fils se met à creuser autour des ramifications. Il creuse. Il creuse. Mais les racines profondes et vigoureuses résistent. Cet arbre vénérable, le plus fort et le plus têtu reste pointé vers le ciel. Ses racines à nu, son branchage rabattu, n’annoncent pas de beaux jours pour sa survie. Il reste malgré tout au fond du jardin, oublié, délaissé.
Réjane et Paulin, les voisins, cuisinent les coings tombés dans leur parcelle pour en faire de magnifiques pâtes de fruit, délicieuses, fondantes, parfumées.
Apres les décès de ces derniers, leur maison mitoyenne à celle de la famille S. est attribuée en héritage à leur enfant unique, Marcel.
En 2003, la maison des S.. est vendue à la famille R. N’ayant pas la main verte, le jardin est laissé à l’abandon. Ouf, ce sera toujours mieux qu’un élagage sévère !
Henri, notre narrateur, petit-fils de Paulin et Réjane, récupère ainsi les coings, avec l’accord des nouveaux propriétaires. La tradition des pâtes et gelées perdure. Une année, il a même fabriqué de la liqueur de coing, peu alcoolisée et rafraîchissante.
En 2024, ce cognassier est bientôt vieux de 150 ans. Il aura subi les outrages des hommes. Il aura résisté aux tempêtes, en particulier à celle de 1999. Deux étais soutiennent son grand âge. Il est surtout devenu un ilot de verdure au milieu d’un trou de 2 mètres de diamètre et de 50 à 60 cm de profondeur. Un abri pour les animaux, les oiseaux, les abeilles, les lézards..
Il donne toujours de savoureux coings autrement meilleurs que ceux des arbres récents greffés. Il verra d’autres générations et espérons que plus jamais, on n’entend « ce cognassier, qu’un con a scié » !
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